Une vie de chercheur

1911 Naissance à Paris. Olivier est l’aîné de deux enfants. Il connut une enfance aisée, avec son jeune frère, le futur général Roland Costa de Beauregard (1913-2002), héros de la Résistance dans le maquis du Vercors.

1927 Décès de leur père, Bérold, des suites de sa blessure de guerre reçue dès août 1914. Affaibli, souvent alité, Bérold était un esprit cultivé. Doté d’un bon coup de crayon, il prit après la guerre des cours d’aquarelle et de gravure auprès de Mathurin Méheut. Olivier lui aussi cultivera, avec moins de persévérence et de talent, ce don artistique. Par ailleurs, son père Bérold suivait les débats fiévreux qui agitaient le monde de la physique moderne, dont la grande presse de l’époque se faisait l'écho. Ainsi, prit-il un jour sa plume pour interroger l’astronome Charles Nordmann sur le bien fondé de la Relativité, à la suite d’un article publié dans l’Illustration. Olivier entre en 1ère à Sainte-Croix-de-Neuilly. Jusque là toute son instruction a été faite au sein de sa famille, par son père, et par les différents nurses, abbés et précepteurs recrutés par ses parents. Elevé dans la religion catholique, Costa de Beauregard n’a jamais caché sa foi profonde ; tout au long de sa vie, il a interrogé cette relation entre science et théologie, dans des articles, conférences ou colloques.

1931 Il est admissible à Polytechnique, mais décroche et s’accorde deux années sabbatiques, consacrées au sport et à lecture. Plus tard, il ne cessera de défendre les mérites de l’université, face au "bagne" représenté par la Taupe.

1936 Licence de Physique générale. Service militaire, sous-lieutenant d’artillerie.

1938-39 Ingénieur de recherches à la SNCASE (Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Est) où il résout par un pendule le problème de la mesure des traînées (voir sa première sa note à l’Académie des Sciences Sur le problème de la mesure précise des traînées)

1939-40 Mobilisé comme lieutenant d’artillerie. Il profite des temps libres que lui laisse la "drôle de guerre" pour reprendre ses lectures et ses réflexions. Toute sa vie Costa de Beauregard fut un lecteur assidu et curieux d'ouvrages philosophiques et scientifiques (de physique, mais aussi de biologie).

Louis de Broglie et Costa de Beauregard1940 (novembre) Il renonce à une carrière dans l'industrie, rejoint le groupe de Louis de Broglie à l’Institut Henri Poincaré et entre au C.N.R.S.

1943 Docteur es Sciences (mathématiques). Sa thèse, Contribution à l’étude de la théorie de l’électron de Dirac, aborde déjà "dans le cadre de la théorie de Dirac, le problème très ardu posé par les rapports des deux grandes Théories" (i.e. Relativité et Quanta), problème qui sera le fil conducteur de sa vie de chercheur. "Le mécanisme par lequel la théorie de Dirac parvient à concilier, sinon à harmoniser, les deux formalismes est vraiment paradoxal, et paraît bien cacher une énigme."

1944 Premiers articles d'épistémologie et de philosophie des sciences.

1946-48 Premiers articles sur les rapports entre science et théologie.

1947 Costa de Beauregard émet pour la première fois, devant Louis de Broglie, son hypothèse quant à l'interprétation du paradoxe Einstein, Podolsky et Rosen.

1949 Publication de La théorie de la relativité restreinte, préfacé par Louis de Broglie.

1950 Epouse Nicole de Peyronnet, formant en cinquante-sept ans de vie commune un couple étroitement uni. Nicole l'encouragera et le soutiendra dans toute sa carrière.

1951 Rejoint l’Institute for Advanced Studies à Princeton (New Jersey), où il a l’honneur d’une entrevue avec Einstein, qu’il écouta exposer ses vues sur la Relativité et la Mécanique quantique "à l’intention de Louis de Broglie" (voir Louis de Broglie par G. Lochak). Le début des années 1950, voit la rupture progressive avec Louis de Broglie, malgré une estime mutuelle. Leurs approches de la physique sont trop contradictoires. Costa de Beauregard "formaliste" se heurte à Louis de Broglie "modéliste". Le conflit éclate notamment autour de la question de la réconciliation des deux théories sœurs et de la controverse du paradoxe d’Einstein, Podolsdy et Rosen. C'est au cours de son séjour aux Etats-Unis qu'il rencontre le philosophe Jacques Maritain avec qui il restera en contact jusqu'à sa mort. Puis des raisons familiales obligent Olivier et Nicole à quitter les U.S.A.

1953 Louis de Broglie accepte enfin de présenter sa note au Compte Rendu de l'Académie des Sciences : Une réponse à l’argument dirigé par Einstein, Podolsky et Rosen contre l’interprétation bohrienne des phénomènes quantiques .

1957 Publication de Théorie synthétique de la relativité restreinte et des quanta, préfacé par M. Levy.

1963 Doctorat es Lettres, sous la direction de René Poirier, professeur à la  Sorbonne, doctorat qui couronne ce qu'il appelle son "violon d’Ingres" : la philosophie des sciences. Sa thèse est publiée chez Hermann, La notion de temps, équivalence avec l’espace. Publication au Seuil de Le Second principe de la science du temps, entropie, information, irréversibilité, couronné par le prix Lecomte du Nouÿ.

1964 Publication du Précis de relativité restreinte.

1967 Publication du Précis de mécanique quantique relativiste.

1970 Thèse de Christian Imbert sur L’effet inertial de spin du photon : théorie et preuve expérimentale (dit l'effet Imbert) à l’Institut d’optique d’Orsay. Imbert réalisant une expérience brillante qui confirma l’effet de décalage transversal annoncé par les calculs de Charles Goillot et Costa de Beauregard (effet inertiel de spin).

1971 Directeur de recherches au CNRS.

1973 Premiers articles sur l'approche scientifique des "mystiques naturelles" dont la pratique confère des pouvoirs paranormaux.

1976-77 En relation étroite avec Bernard d’Espagnat, J.S. Bell et Shimony, il propose une expérience nouvelle de mesure des polarisations de deux photons corrélés issus d’une cascade atomique, les orientations des deux polariseurs étant changés pendant le vol des deux photons. C’était l’expérience "à faire" pour mettre en Alain Caronlumière le paradoxe qu’Albert Einstein, Podolsky et Rosen avaient pointé au congrès Solvay de 1927 et qui depuis toujours a préoccupé Costa de Beauregard. Sur le conseil de Christian Imbert, l’expérience sera confiée à Alain Aspect avec le succès que l’on connaît . En quatre articles au Nuovo Cimento publiés entre 1977 et 1979, il expose sa théorie.

1979 Secrétaire du colloque du centenaire Albert Einstein, 1879-1955  au Collège de France. Participe au colloque de Cordoue, Science et Conscience , aux côtés notamment de David Bohm, Brian Josephson ou Hubert Reeves.

1980 Retraite du CNRS. Dès lors, il défend de plus en plus haut sa théorie "littéralement folle" – de son aveu même – de la CPT-invariance. Pour Olivier Costa de Beauregard la "solution" du paradoxe EPR et la "réconciliation" des deux grandes théories physiques du XXe siècle repose sur une symétrie passé-futur intrinsèque (à savoir l’invariance des formules de l’ordre de succession des phénomènes, ou CPT-invariance). Le temps est "déployé" et l’information circule de A en C, via le point B du passé. Libéré de ses obligations de réserve dues à sa position au CNRS, il affiche ouvertement ses idées qui vont à l’encontre du mainstream de la pensée scientifique, mais qu’à ce jour personne n’a su réfuter (voir Ortoli et Pharabod, le Cantique des quantiques, chapitre 8). Il ne cache pas notamment son intérêt pour les phénomènes paranormaux. Publication de La physique moderne et les pouvoirs de l’esprit, d'après des entretiens avec Emile Noël et Michel Cazenave.

1979-82 Expérience d'Aspect, dont le résultat est conforme à la théorie de Costa de Beauregard (voir The 1927 Einstein and 1935 EPR Paradox, in Physis, 2/1980)

1988 Publication de Le temps déployé, passé, futur, ailleurs.

1995 Publication de Le corps subtil du réel éclaté.

2007 Décès à l'âge de 95 ans. Jusqu'à la fin, il a travaillé avec la même flamme, la même jeunesse et ouverture d’esprit, la même extrême rigueur et clarté de raisonnement.

PRIX & DISTINCTIONS Olivier Costa de Beauregard était un esprit ouvert et sans préjugés, fondamentalement modeste, il n’a jamais recherché les honneurs.
Il était membre de l'Institut Louis de Brogli e ,   de l'Académie Internationale de Philosophie des Sciences (Bruxelles), de la Société Française de philosophie  ; il était Commandeur des Palmes Académiques (1979), Officier de l’Ordre du mérite pour la recherche et l’innovation (1964), Chevalier de la Légion d’honneur (1978) ; il a reçu le Prix Jules-Mahyer de l’Académie des Sciences (1949) et le Prix Lecomte du Nouÿ (1964).