Les rapports entre science et théologie
selon Olivier Costa de Beauregard

par FRANÇOIS BOITEL
Docteur en paléontologie (Sciences de la Terre)
Docteur ès lettres et Sciences Humaines

henri bergson

Une quarantaine d’articles et d’interviews jalonnent la réflexion continue de Costa de Beauregard sur les rapports entre son itinéraire scientifique de physicien et son cheminement théologique de catholique convaincu, « romain », disait-il lui-même. Il semblerait que l’on puisse distinguer deux périodes. La première dure une trentaine d’années, depuis l’après-guerre jusqu’aux environs de 1975. Le physicien tente une approche existentielle sur le fait de croire en tant que scientifique et, d’un autre côté il s’interroge, en tant que catholique, sur la signification de concepts tels que ceux de matière ou d’indéterminisme qu’il situe dans un horizon plus large que celui de la science stricto sensu. Lire la suite


- Démarche scientifique et cheminement spirituel - Conférence à Notre-Dame de Paris, 21 octobre 1979, cycle «  Recherches et expériences spirituelles »
- Découverte scientifique et découverte spirituelle, Communio, n°1, sept 1975
- Cette matière qui n'est peut être pas une chose, Communio, n°1, 1981


(Suite) L’année 1975 marque le début d’une seconde période, un tournant dans la responsabilité d’Olivier Costa de Beauregard à l’égard de la religion catholique. Intégré au comité de rédaction de la revue catholique internationale Communio (édition française ) il fournira à cette revue, incontestablement catholique romaine, plusieurs articles où il tentera d’articuler avec la plus grande rigueur le savoir scientifique du physicien et la connaissance théologique qu’il avait acquise depuis ses années d’étude en les approfondissant toujours davantage, faisant sienne cette maxime d’Einstein : « La science sans la religion est infirme ; la religion sans la science est aveugle ».

Le 21 octobre 1979, invité à prononcer une conférence à Notre-Dame de Paris, O. Costa de Beauregard livre le fonds de sa pensée théologique articulée à la connaissance scientifique. Les noms cités de penseurs chrétiens sont aussi nombreux qu’inattendus parfois, tels Aimé Forest et Jacques Maritain, Descartes et saint Thomas d’Aquin, Aristote et Bergson, Jacques Rivière et Jules Lachelier, le docteur Olivieiri et le père Billet, et le couple Sinclair dont le livre fut préfacé par Einstein, autant de noms prouvant les immenses lectures du penseur chrétien, O. Costa de Beauregard, le tout articulé en une synthèse fulgurante.

A partir des années 1980, Olivier Costa de Beauregard renforce ses liens avec des organismes de réflexion chrétienne directement soutenus par le pape Jean-Paul II, tel le groupe « Nova Spes » animé en France par l’écrivain catholique Christian Chabanis et le groupe « Science-philosophie-théologie » lié au conseil pontifical de la culture, ou bien avec des associations liées à des abbayes bénédictines, comme l’association « Nouveau Regard » fondée par Dom Gérard Lafond. Il développera les problématiques posées par la physique La Relativité de Galilée à Einstein, Le paradigme de la mécanique quantique relativiste, exprimées dans un langage le plus clair possible de manière à ce que Jean-Paul II et ses collaborateurs puissent disposer d’un corpus scientifique fiable et précis. En 1986 le Saint Père reçoit Costa de Beauregard en audience privée à Castel Gandolfo avec d’autres collègues scientifiques et philosophes.

« Déposer chaque jour devant Dieu qui nous voit le fardeau de tout ce que nous croyons savoir et qui nous aveugle, pour qu’Il fasse luire en nous Sa lumière, c’est, je le pense, pour un scientifique, l’acte préalable et la condition quotidienne de son cheminement spirituel ». Telle était la conclusion de la conférence qu’Olivier Costa de Beauregard donna à Notre-Dame de Paris. Et sur ce point sa pensée fut constante.

François Boitel est co-fondateur du Centre Culturel Catholique "Science-Philosophie-Théologie", inscrit à l'Annuaire Pontifical de la Culture